Homélies/Méditation

D’un seul cœur dans notre Foi !

6ième Dimanche de Pâques : Ac 8,5-8.14-17

« Philippe, l’un des sept », ainsi commence l’extrait que nous entendons ce dimanche. Ces sept, on l’a lu dimanche dernier, sont chargés de la bonne répartition des colis alimentaires pour les veuves de la communauté chrétienne primitive à Jérusalem, composée de juifs ‘hébreux’ et de juifs ‘hellénistes’. Les sept sont issus de cette dernière frange. Mais les voilà, ces hellénistes, et eux seuls, pourchassés et persécutés par les juifs de Jérusalem. Etienne le payera de sa vie, lui le premier martyr. Les hellénistes doivent fuir Jérusalem.

Philippe arrive en Samarie, où Jésus, lors de la rencontre avec la samaritaine, avait converti les gens de Sichem (Jn4). Là, Philippe ne sait évidemment plus remplir sa mission première d’entraide. Alors il se met à annoncer la Bonne Nouvelle : « là, il proclamait le Christ, et les foules, d’un seul cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe », paroles confirmées par « les signes qu’il accomplissait ».

La persécution à Jérusalem, et l’adaptation forcée de la mission de Philippe dans une situation nouvelle, vont rendre possible la réalisation de la dernière phrase de Jésus, le jour de l’ascension : « vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre ». Ce sont souvent des crises et des situations nouvelles qui alimentent la foi et la renouvellent. Dans son encyclique « Laudato Si », le pape François n’ajoute-t-il pas l’écologie à la doctrine sociale de l’Eglise, notion inconnue en 1891 lorsque le pape Léon XIII écrit la première encyclique sociale « Rerum Novarum » ?

En même temps, s’il a repris en quelque sorte la mission des apôtres, Philippe reste visiblement en lien avec eux, Pierre et Jean venant « confirmer » le baptême conféré par Philippe en imposant les mains pour le don de l’Esprit-Saint. On a là comme un embryon de la théologie du sacrement de confirmation. Mais c’est surtout un bon exemple d’un équilibre à maintenir : se sentir libres d’innover dans nos missions respectives et, en même temps, garder le lien avec l’institution… ne pas devenir des sortes d’électrons libres…

Grâce à Philippe, l’homme de la diaspora, l’Evangile vient de déborder les frontières de la synagogue, et « il y eut dans cette ville une grande joie ».

Abbé Robert.

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