Homélies/Méditation

Suivez-moi et ils L’accompagnent

Le chemin de foi de Pierre, … et le nôtre.

 « Comme il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère de Simon, qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs.
17 Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.
18 Aussitôt, ils laissent leurs filets, et ils l’accompagnent ». (Marc 1, 16-19)

Comment Jésus a-t-il pu donner à Pierre le pouvoir d’intendant de son Eglise (voir dimanche dernier : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ») ? Pierre qui peu de temps avant, avait pris peur sur la mer démontée et commençait à couler ; lui qui, après l’annonce de la passion par Jésus, lui fait de vifs reproches « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas » ; lui qui dormira à Gethsémani ; et qui reniera son maître par trois fois la dernière nuit ! Lui que Jésus assimile à Satan, présent à tout moment pour lui rappeler les tentations au désert : « Passe dernière moi, Satan ! » manifestant ainsi clairement que celui qui est derrière le Christ, qui le suit, c’est Satan !

Alors comment comprendre la suite de cette page d’évangile ? Ou peut-être la lisons-nous bien mal. Je me réfère au livre de Marie Balmary, « La divine Origine. Dieu n’a pas créé l’homme » (Grasset 1993).

Partant du texte grec, elle nous propose une toute autre traduction :
« Si quelqu’un veut accompagner derrière je,
Qu’il dise non à lui-même, qu’il soulève sa croix, et qu’il accompagne je.
Renonce à « accompagner-derrière, suivre » Jésus, comme on suivrait un gourou, ce qui empêche de devenir soi-même.
C’est à ce vouloir-accompagner-derrière celui que l’on accompagne, que Jésus invite à se dire non.

Soulève ta croix, comme pour en acquérir le maniement et la maîtrise,
prends le lieu où tu subis passivement la mort, prends ta mort dans tes mains,
sois le porteur souverain, triomphant, de ton destin de créature mortelle condamnée à mort.
Accompagne Jésus, comme dès l’appel, Pierre et Jean quittant la barque, accompagnent Jésus ;
comme Jésus qui marche aux côtés des disciples d’Emmaüs.

Sans le savoir, nos mots liturgiques ne disent-ils pas la même chose ?
Akoloutheô d’où vient le mot acolyte, signifie accompagner, faire route avec.
Ekklèsia, Eglise, signifie assemblée convoquée, de sujets appelés chacun à parler, c’est le mot d’une assemblée politique où chacun doit dire son avis, exprimer un suffrage. On n’est pas appelé derrière un autre, mais en son nom propre auquel on est le seul à pouvoir répondre : « présent » (on dit « Notre Père, mais on dit « Je crois » !).
« Le Seigneur est avec vous… et avec votre Esprit », ce dialogue entre le « célébrant au nom du Christ » et les « célébrants d’Eglise » dit combien le Seigneur est avec nous, et que tous, nous sommes ensembles, les uns avec les autres, rassemblés pour partager la Parole et le Pain de Vie.

Revenons à Pierre. Après avoir renié Jésus par trois fois, « un coq chanta ». Mais le mot grec, Alectôr signifie le surnom du coq : « le défenseur ». C’est précisément le défenseur que Jésus enverra aux apôtres à la pentecôte pour qu’ils puissent se lever, et, accompagnés de l’Esprit de Jésus, annoncer à leur tour les merveilles de Dieu en Jésus.

Puissions-nous à notre tour, être des croyants debout, sujets libres, sûrs de la présence de Jésus à nos côtés. Rappelons-nous le « joug » de l’évangile d’il y a quelques semaines : cette lourde pièce de bois qui lie les deux bêtes de somme tirant la charrue. L’une plus forte que l’autre mène l’attelage, c’est le Christ ; avec son aide, avec Lui à nos côtés, nous pouvons labourer le sillon de notre vie.

Abbé Robert.

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