Les rameaux et la Passion, indissociables !
13 avril 2025
HOMELIE POUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX
Lc 22, 14 à 23, 56
Avec ce dimanche des rameaux et de la Passion, nous entrons dans la semaine sainte qui va nous conduire à Pâques. La liturgie nous offre même aujourd’hui comme un résumé à l’envers de cette semaine sainte : nous avons en effet commencé, avec nos rameaux devant l’autel, par le rappel de l’accueil triomphal de Jésus à Jérusalem… comme pour anticiper sur la fête par excellence qu’est Pâques, le triomphe du Ressuscité sur la mort et le péché. Et puis nous avons lu, près de la croix, ce long récit de la Passion… la Passion que nous méditerons, dans la version de Jean, le vendredi saint, ce vendredi. Et dans un instant nous entrerons dans l’eucharistie du Seigneur, celle-là même que nous fêterons le jeudi saint, ce jeudi. Un résumé à l’envers de la semaine sainte, donc…
Les rameaux et la Passion… un couple indissociable !
Les rameaux sans la Passion, ce serait risquer de tomber dans la superstition en attribuant des pouvoirs quasi magiques à de simples feuillages. Ce serait surtout se méprendre sur la royauté de Jésus : Jésus n’est vraiment roi que sur la croix… lorsqu’il est dépouillé de tout et, par amour, fait le don suprême de sa vie. Jésus, Parole de Dieu faite chair, a accepté de se taire. Il n’a pas résisté aux cris de ses ennemis. Lui, le Fils de Dieu, ne s’est pas dérobé aux outrages qui lui étaient destinés comme à un esclave. L’humiliation de la Passion l’a rendu plus proche de tous les malheureux qui n’en peuvent plus. Nous pensons à tous ceux et celles qui sont réduits à la misère, ceux et celles qui sont abandonnés à leur triste sort. Et bien sûr, nous n’oublions pas les très nombreux chrétiens qui témoignent de leur foi jusqu’au martyre. Sur la croix, les bras étendus de Jésus rassemblent tous les humiliés de la terre.
Mais combien serons-nous demain
à le suivre sur le chemin du service ?
Aujourd’hui nous sommes nombreux à le suivre pour faire la fête en ce dimanche des rameaux, et c’est bien. Mais combien serons-nous demain à le suivre sur le chemin du service lorsqu’il s’agira de prouver, par notre manière de vivre la vie professionnelle ou familiale, que nous sommes disciples de Celui qui s’est fait serviteur ? Nous sommes comme ces foules de Jérusalem, tout aussi inconstants… parfois heureux d’accueillir Jésus dans nos vies… mais tout aussi capables de refuser de le voir et même capables de l’éliminer lorsque sa rencontre risque de trop chambouler notre vie… Les rameaux sans la Passion, ce serait se tromper de bonheur : Jésus ne promet pas un bonheur facile. Si l’on prend le même chemin que Jésus, tôt ou tard il nous faudra rencontrer la croix. Les rameaux sans la Passion et sans Pâques, c’est passer à côté de l’essentiel.
Mais la Passion sans les rameaux, ce n’est guère mieux !
Ce serait en effet se complaire de manière malsaine dans la douleur. Ce ne sont pas les souffrances du Christ qui nous sauvent, mais c’est l’amour qu’elles révèlent qui nous sauve ! La croix du Christ n’est notre fierté que parce qu’il est vraiment le Seigneur Ressuscité ! Son chemin, même difficile, est bonne nouvelle parce qu’il ne s’est pas arrêté au Golgotha !
Ne séparons pas dans nos vies ce que nous unissons dans la liturgie : ces rameaux seront dans nos maisons le rappel que nous voulons être les disciples du Ressuscité ; et la croix de Jésus nous empêchera de rêver d’un autre chemin que celui qu’il nous a montré !
Seigneur Jésus, accorde-nous de pénétrer dans le sens si profond et si mystérieux de la connaissance de la croix. Nous t’offrons nos cœurs pour t’accompagner en ces jours si saints de ta Passion et de ta Résurrection qui commencent liturgiquement aujourd’hui. Gloire soit rendue à ton nom Jésus Crucifié.
Amen !
Abbé Willy Mirindi
