Coups de coeur

Marie à Saint-Marc

Ce dimanche nous débutons le mois de mai, traditionnellement consacré à la Vierge Marie. Dans notre Unité Pastorale il existe de nombreuses représentations de la Mère de Dieu. Cette semaine nous consacrons une page à Marie à Saint-Marc. Dans 15 jours nous évoquerons la présence de Notre-Dame de la Consolation au Bourdon.

Dans notre église Saint-Marc, avenue de Fré, coexistent deux représentations de Marie fort différentes tant dans leur forme que dans ce qu’elles peuvent nous inspirer.

Il y a fort à parier que lorsque l’on parle de la Vierge Marie à Saint-Marc, tout un chacun visualise cette très belle statue ancienne située à l’arrière de l’église, en retrait de l’orgue dans un coin obscur d’où elle surgit comme une source de lumière. Remarquablement mise en situation sur une colonne, elle évoque tant d’autres vierges “au pilier” ; celles de la tradition espagnole mais aussi celles présentes dans de nombreux sanctuaires comme Notre-Dame de Chartres ou Notre-Dame de Paris.
Cette Vierge dégage une tendre et apaisante sérénité en nous présentant son fils “enfant-adulte” assis sur ses genoux, son genoux gauche, celui du cœur. A la main droite elle tient une boule dorée, probablement une pomme, la reliant ainsi à la figure d’Eve. Rappelons en passant que ces deux figures d’Eve et de Marie ont toutes deux été appelées “Mère” des hommes et que longtemps l’inversion de Eva en Ave a fait sens pour ceux qui méditent le mystère marial.
L’Enfant, chose très rare, tient dans ses mains un oiseau, simple jouet, colombe de la Paix qu’il nous apporte ou Esprit Saint qu’il nous a promis. A chacun de donner à cette représentation le sens qu’il voudra en fonction de sa méditation personnelle.
Ni Marie, ni l’Enfant ne portent de signes conventionnels de sainteté et de ce fait dégagent une profonde humanité.
Même dans l’ignorance de son origine exacte, cet ensemble de la Vierge à l’Enfant est tout à fait remarquable par sa valeur esthétique et surtout par sa qualité d’évocation spirituelle.

Et puis à l’opposé de cette représentation de la Vierge à l’Enfant, trône en pleine lumière le retable qui sert de fond à l’espace liturgique de l’église Saint-Marc. Au centre le Christ en Gloire flanqué de part et d’autre de la Femme et de l’Homme symbolisés par Marie et par l’Apôtre, ici logiquement Saint Marc. Chacun assis sur un dais, une estrade, qui se fond dans le décor des sous-panneaux.

Le panneau de gauche est donc entièrement consacré à Marie et, puisque l’artiste nous parle un langage pictural dérivé de l’art des icônes, nous pouvons l’assimiler à une “Platytera”, “icône du Miracle de la Mère de Dieu de l’Incarnation”, d’une “Vierge du Signe”. Elle est à la fois Mystère de l’Incarnation et Signe qui oriente notre regard. Cette Vierge n’est pas destinée à être contemplée en elle-même mais à dévier systématiquement le regard vers le Fils en Gloire.
Assise sur un trône au pattes de lion (Saint Marc) dans un décor aux confins de la terre, du ciel, de la mer et de la nuée elle est adossée à trois tableaux qui évoquent ce Mystère de l’Incarnation et se fait signe vers son Fils dans sa Gloire. La richesse des symboliques et des thèmes évoqués dans ces trois tableaux est telle que nous nous contenterons de suggérer rapidement en passant trois pistes de médiation parmi tant d’autres possibles en laissant chacun à sa méditation.

… et Jesum benedictum fructum ventris tui,
nobis, post hoc exsilium, ostende.

Nous pourrions appeler ces trois tableaux :
l’incarnation où l’Esprit enfante en Elle le Fils, la dilection où le L’esprit du Père reconnait en ce fils de Marie son propre Fils au sortir des eaux, et la consolation (rendre entier, rendre autonome) où elle fait de son Fils un fils d’homme.

Dans les évangiles se trouvent une série de personnages de l’Ancienne Alliance qui attendent et ouvrent le chemin à la Nouvelle. Siméon le Sage, Anne la prophétesse, Elisabeth la cousine, mais aussi représentés ici Joseph et Jean. A leur tête on pourrait placer Marie elle-même. C’est elle qui fera remarquer à son Fils que la Noce, l’Ancienne Alliance, “n’a plus de vin”.

Puis il y l’eau qui accompagne Marie jusque dans ces grandes apparitions (Lourdes, Fatima, Banneux et Beauraing, La Salette …). Cette eau qui coule, eau versée sur le nouveau-né, eau qui baptise le Fils, eau que le Fils changera en vin puis en son sang, eau du lavement des pieds, eau du côté du crucifié …

et il y a tant d’autres choses à méditer dans le silence ….
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.

Luc 2:19

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